L’histoire de l’univers est racontée tôt aux enfants du primaire à l’école Montessori. Vous remarquerez que j’ai utilisé le mot histoire et non leçon, parce que nous leur racontons la création de l’univers, de chaque être vivant et de chaque chose sous forme « d’histoires imaginaires » appelés Grands Récits. Habituellement, pendant les huit premières semaines d’école et pendant les six années complètes du cycle élémentaire, les grands récits sont les déclencheurs des apprentissages et des découvertes tout au long des années élémentaires Montessoriennes.
Le rôle d’une éducatrice Montessorienne est celui d’un conteur d’histoires, pas d’un conférencier. Le premier grand récit déroule les grands mystères de l’univers. Des concepts abstraits tels que le Big Bang, la nucléosynthèse stellaire, la gravité, le magnétisme, la composition de la terre et des autres planètes, et la tectonique des plaques deviennent tous vivants grâce à la puissance de l’IMAGINATION ! Par le biais d’affiches impressionnistes et d’expériences simples, l’éducatrice-conteuse Montessorienne tisse une histoire qui éveille l’imagination des enfants et pose les fondations de la science physique, de l’astronomie, de la chimie et de la géographie physique.
C’est immense pour un élève de CP ! Car Maria Montessori croyait qu’à cette période sensible, donner les clefs aux enfants de libérer leur potentiel, c’était les enraciner dans la réalité, tout en leur permettant d’imaginer des choses plus grandes et plus abstraites que le monde qui les entoure.
Certains pensent que Maria Montessori était contre la pensée et les jeux imaginaires. Bien au contraire ! Elle croyait qu’un enfant ne pouvait pas se développer et progresser sans utiliser son imagination. Elle voyait la capacité d’imaginer les choses qui n’étaient pas vraiment présentes comme une compétence de réflexion supérieure. Elle y croyait tellement fort qu’elle ajouta que l’imagination était la fondation de l’intelligence et qu’aucune pensée scientifique moderne n’aurait été possible sans le pouvoir de l’imagination.
« La conscience humaine vient au monde comme une boule d’imagination en feu. Tout ce que l’homme a inventé, physiquement ou intellectuellement, est le fruit de l’imagination de quelqu’un. Dans l’étude de l’histoire et de la géographie, nous sommes inutiles sans imagination, et lorsque nous proposons de présenter l’univers à l’enfant, il n’y a que l’imagination qui puisse nous être utile… Le secret de bien enseigner est de voir l’intelligence de l’enfant comme un champ fertile dans lequel nous pouvons semer des graines, qui pousseront grâce à la chaleur de leur imagination flamboyante. Notre but n’est pas simplement de faire comprendre à l’enfant, et encore moins de le faire mémoriser, mais de toucher son imagination pour l’enthousiasmer en son for intérieur », Maria Montessori, Éduquer le Potentiel Humain .
Maria Montessori n’était pas d’accord de faire appel à la fantaisie avant que l’enfant ne puisse avoir des pensées abstraites. Le jeu fantastique et les histoires sont basés sur des objets irréels — dragons, bonnes fées et jouets qui n’ont aucune utilité si ce n’est de distraire quelques instants. Au début de son travail, Maria Montessori fournissait des jouets et des histoires fantastiques aux enfants, mais ce sont ses propres observations scientifiques qui l’ont amenée à cette conclusion : « Les enfants veulent des choses réelles qui ont une utilité réelle ».
« Alors que l’école disposait de quelques jouets vraiment chouettes, les enfants ne les choisissaient jamais. Ceci m’a tellement surprise que je suis intervenue personnellement, afin de leur montrer comment les utiliser, en leur montrant comment manipuler les couverts de la poupée, allumer le feu dans la minuscule cuisine de poupée et en posant une jolie poupée à côté du feu. Les enfants ont montré de l’intérêt un certain temps, puis sont partis et n’ont jamais choisi ces jouets spontanément. C’est alors que j’ai compris que dans la vie d’un enfant le jeu est peut-être inférieur et il l’utilise quand il n’a rien de mieux… » Maria Montessori, L’Enfant.
L’environnement de la classe élémentaire Montessori est plein de possibilités créatives. Les enfants s’empressent de découvrir ce qui les intéresse vraiment. Ils font des recherches sur les planètes et écrivent les histoires imaginaires de leurs aventures dans l’espace. Ils s’immergent dans la biologie marine et écrivent des chansons au sujet de la baleine à bosse. Ils explorent l’utilisation de machines simples et construisent une rampe à l’entrée de l’école. Ils apprennent le Moyen Âge, et dessinent, cousent et présentent un défilé de mode médiéval. Toute la démarche d’apprentissage prend racine dans l’intérêt et l’imagination de l’enfant.
Même des pièces de théâtre sont jouées dans un environnement élémentaire Montessori avec une différence importante : les sujets sont réels. J’avais une classe d’enfants de 9 à 12 ans qui aimaient écrire et faire du théâtre. Ils créaient une pièce par semaine, qui traitait des civilisations anciennes qu’ils étudiaient à l’époque. Ils ont joué de nombreuses pièces sur l’Égypte ancienne et les théories de complot ! Nous avons aussi joué une pièce pour l’école entière sur la création de l’univers et la ligne de la vie.
Cet environnement Montessori est un lieu propice à l’imagination, à la création et aux pièces de théâtre dramatiques. Il est différent de l’éducation traditionnelle et de sa vision de réalité contre des concepts fantastiques. La force de Montessori est de construire des réalités concrètes et de permettre aux enfants de cheminer vers une pensée abstraite au fur et à mesure que leur développement s’y prête.
Pour plus de lecture :
- McKenzie, G.K. (Spring 1998) : Creative drama in Montessori elementary classrooms.
- Dubinsky, Barbara : The Great Lessons Play. missbarbara.net/theplay.html
Related NAMC Blogs:
- Montessori Philosophy – The Second Plane of Development: Ages 6–12
- Introducing and Exploring The Five Great Lessons in Montessori Elementary
- Montessori Elementary: The Five Great Lessons Part 1 – Purpose
- Montessori Elementary: The Five Great Lessons Part 2 – When to Tell the Stories
- Montessori Elementary: The Five Great Lessons Part 3 – Preparation
- Montessori Elementary: Five Great Lessons Part 4 – Cosmic Education
Cet article est publié avec l’autorisation de NAMC (North American Montessori Center).
Merci à Delphine Marquant pour la relecture en français.
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