De la naissance jusqu’à l’âge de 6 ans, en tant que parents, nous avons le devoir de guider nos enfants vers l’autonomie. A cet âge de la conscience du moi, ils peuvent enrichir leurs perceptions sensorielles, affiner le travail de la main, explorer le langage, se préparer à l’écriture et à la lecture, aux mathématiques et s’éveiller à leur culture. Mais comment ?
Lorsque nous embarquons sur un voyage de parent Montessorien nous nous demandons généralement ce que cela implique…
Sveta Aranha Pais maman de deux enfants à l’École Montessori à Austin aux États Unis a très gentiment accepté que nous traduisons cet article publié sur le blog MariaMontessori.com.
Le tout premier article que j’ai lu, qui m’a convaincue sur la méthode Montessori, ne contenait même pas le mot « Montessori ». Jusqu’à ce soir-là, nous avions entendu dire que la méthode Montessori était un système éducatif alternatif qui valait la peine que l’on s’y intéresse. Nous sommes repartis avec plusieurs documents, dont un intitulé « Guide de l’enfant » écrit par Donna Bryant Goertz http://donnabryantgoertz.com/. Le point de vue est celui d’un enfant au premier stade de développement et commence ainsi, « Cher Parent, je veux être comme toi. Je veux être exactement comme toi, mais j’aimerais le devenir à ma façon, à mon rythme et en faisant mes propres efforts. Je veux t’observer et t’imiter ». J’ai toujours ma copie de ce document: froissée, tachée de larmes, et imprimée sur du papier vert.
Il y a quelques mois j’ai demandé à un parent Montessorien et à un photographe de prendre des photos de notre maison pour illustrer une interview pour un blog Montessori. Pendant qu’il photographiait, Emmet a commenté, « J’ai du mal à croire que tu as été autre chose qu’une maman Montessorienne ». Ces mots m’ont interpellée. Et si nous n’avions pas trouvé Montessori ? Notre famille aurait-elle trouvé son chemin, ou aurait-on continué à être à la dérive dans un monde plein de « il faut que … » pour parents. Certaines familles, qui ont débuté leur chemin montessorien en même temps que nous, ont fini par se tourner vers une culture familiale plus traditionnelle. Inversement, au fur et à mesure que nous en récoltons les fruits, notre engagement à la philosophie Montessori continue de croître.
En réfléchissant aux raisons pour lesquelles notre famille s’est épanouie grâce à Montessori, je me suis rendu compte qu’elles tenaient dans l’application de six principes majeurs.
- Mon mari et moi étions en accord quant à la compréhension et l’adoption d’une façon d’être montessorienne. Nos rendez-vous amoureux étaient consacrés aux ateliers parents à l’école suivis d’un dîner au cours duquel nous échangions sur ce que nous avions appris. En sept ans, sans mentir, nous ne sommes allés que deux fois au cinéma. La vie est longue (du moins, on l’espère) mais la période consacrée à l’éducation de nos enfants passe très vite. Il y aura une phase « voir tous les bons films manqués » un jour. « C’est une chance pour nous deux que j’aie un plan secret pour devenir comme toi, mais à ma façon ».
- Nous avons assisté à des ateliers et pratiquons la communication non violente entre nous, et avec nos enfants. Nos modèles sont « Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent » Faber and Mazlish (http://www.fabermazlish.com/) et « Say What You See » de Sandy Blackard http://www.languageoflistening.com/resources/read-swys-book/. Utiliser ce type de communication a représenté le plus grand défi de notre parcours parental tellement il est contraire à notre culture d’origine. « Parles plus lentement. Utilise peu de mots mais des mots sages. »
- Nous avons découvert un style d’éducation décrit comme « fiable ». J’aime à dire qu’il pose des limites fermes mais avec beaucoup d’amour. « S’il te plaît, mets-toi à mon niveau, à 30 cm de mon visage, attire mon attention et regarde-moi dans les yeux avant de parler. Ensuite, utilise peu de mots mais des mots fermes et respectueux. »
- Nous avons ralenti notre rythme de vie. Beaucoup ralenti. Nous avons fait les ajustements nécessaires pour vivre avec un seul salaire tant que nos enfants sont jeunes. Les enfants en bas âge avancent très lentement et nous nous mettons à leur rythme, qu’il s’agisse de construire des Lego, de les aider à s’habiller, ou de les faire participer à la cuisine. « Je n’ai pas envie que tu le fasses à ma place, que tu me presses, que tu me plaignes ou que tu me félicites. S’il te plaît, sois silencieux et montre-moi comment faire, doucement, très doucement ».
- Nous observons nos enfants et ensuite adaptons notre foyer en fonction de leurs besoins. Tout dans notre foyer est prévu pour permettre à notre jeune enfant et à notre enfant de 8 ans de participer pleinement à notre vie de famille. Dans la maison, tout ce qui est à leur disposition y a été mis de façon intentionnelle et réfléchie. Il en est de même à l’extérieur, où nos enfants peuvent aller facilement. « S’il te plaît, libère-nous, crée un environnement dans notre foyer qui me permette de faire mon travail, qui est de créer un être humain, et qui te permette à toi de faire le tien : élever cet être humain. »
- Nos enfants n’ont quasiment pas accès aux écrans. Le « Guide de l’enfant » a été écrit avant l’invention des smartphones et tablettes, mais les principes de l’auteur restent valables aujourd’hui. Après avoir essayé différentes choses pour voir ce qui marchait, nous avons constaté que les écrans éloignent les enfants de la vie réelle et les empêchent de faire leurs propres expériences. Au quotidien, lors de journées ensoleillées, je vois des enfants dans des poussettes absorbés par des téléphones mais ne voyant ni n’entendant les oiseaux autour d’eux. A des concerts, ils ont les yeux rivés sur des iPad, et ne regardent même pas les instruments. Fascinés par le numérique, ils ne tirent aucun profit de l’observation du cours de gymnastique de leur grand frère ou de leur grande sœur. De tels spectacles, ainsi que des recherches, renforcent notre détermination à protéger nos enfants des effets désensibilisants de la technologie. « La télévision me rend inattentif, irritable et non coopératif. Plus je la regarde, plus j’ai envie de la regarder, alors ça crée des conflits entre nous. Si tu ne peux pas dire non maintenant à ma consommation quotidienne de télévision, quel exemple me donnes-tu, comment trouverai-je plus tard en moi la force de dire non à d’autres mauvaises habitudes? De plus, plus je regarde la télévision, moins j’ai envie de te ressembler ».
On peut dire que ce ne sont que des exemples de culture familiale qui fonctionnent pour certains et que ça n’a rien à voir avec Montessori. Mais si vous allez visiter l’école Montessori de mes enfants, vous verrez des éléments de chacun des six points mis en application. Prenons l’exemple de l’accueil des enfants le matin à l’école. Chaque enfant est accueilli avec un « Bonjour » authentique, on le regarde et on lui serre la main. Parfois, cela nécessite un peu de temps, et que l’adulte demande gentiment « Est-ce que je peux voir tes yeux ? » pour que le contact s’établisse. C’est dans ces interactions que je vois notre éducation à la maison fusionner avec celle donnée à l’école. Un vrai partenariat est ainsi créé. Cette cohérence entre la maison et l’école est très enrichissante et rassurante pour l’enfant. Et dans ces conditions, c’est très apaisant pour un parent de regarder son enfant entrer dans l’école où il passe la plus grande partie de son temps.
Ce serait vous induire en erreur que de vous donner l’impression que notre vie de famille est un long fleuve tranquille, car ce n’est tout simplement pas vrai. Les jours où les choses ne se passent pas comme je veux, je suis la première à être tentée de choisir la facilité, et je le fais parfois. Dans ces moments-là, je me rappelle les voix de mes enseignants. Ceux qui ont travaillé sans relâche pendant des décennies pour que mes enfants puissent bénéficier d’une vie montessorienne. J’entends Donna Bryant Goertz dire : « Sur le chemin difficile pour élever les enfants dans la dignité, il y a du plaisir et de la douleur ». J’ai relu ma copie du «Guide de l’enfant» et ces mots sont ma plus grande inspiration pour continuer sur ce chemin difficile : « Je sais que mes besoins sont grands et nombreux. Je sais que je t’en demande beaucoup, mais tu es tout ce que j’ai vraiment. Je t’aime et je sais que tu m’aimes au-delà de la raison et sans mesure. Si je ne peux pas compter sur toi, alors, sur qui ? »
Au bout du compte si nous ne pouvons pas faire de notre mieux pour nos enfants, qui le fera ?
![]() Elle occupe actuellement le poste de Coordinateur Parents Partenaires à l’Austin Montessori School. Elle participe au programme de communication Parent Educateur de l’école où elle oeuvre pour l’articulation et actualisation des liens école/parents. |
Traduction : Andréa McGibney, Edition : Marion Boclet.
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